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Pierre Laurent - Nous sommes en train de construire la victoire de la gauche

Intervention de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et président du conseil de campagne du Front de gauche, à la réunion des candidats et des animateurs locaux du PCF pour le lancement de la campagne des législatives de juin 2012.

Extrait. L'intervention complète est visionnable ci-contre.

Mesurer le chemin parcouru

Dans cette journée, il s’agissait de prendre la mesure à la fois du chemin parcouru et de celui qu’il reste à faire. Et permettez-moi d’abord de souligner le rôle que nous avons joué, nous les communistes. Il se passe quelque chose dans le pays, de très profond dans la gauche et autour du Front de gauche, et nous ne sommes pas pour rien dans ce qui se passe. Il y a le choix que nous avons fait, il y a trois ans, lors de notre congrès, de travailler à une stratégie de fond durable, pérenne, une stratégie de rassemblement qui vise à faire bouger – non pas à la marge – mais toute la gauche, avec l’ambition d’une victoire pour notre peuple.

Sans ce choix, fait alors par le PCF, rien de ce qui se passe aujourd’hui ne serait possible. Au printemps dernier, nous avons fait le choix de la désignation de Jean-Luc Mélenchon comme candidat commun à la présidentielle et d’un accord politique législatif et programmatique qui accompagne cette décision. Sans le temps que nous avons pris pour élaborer cette décision, sans le temps de la démocratie qui a été nécessaire pour les élaborer, sans la consultation de l’ensemble des communistes, et de l’ensemble des partenaires du Front de gauche, rien de ce qui se passe aujourd’hui n’aurait été possible.

 La dynamique est en marche

Les points marqués sont déjà très importants. Nous avions dit que nous voulions une campagne de contenus, et pas une campagne qui se réduise à une bataille de personnes. Aujourd’hui, la campagne est une bataille sur le fond et le débat à gauche est maintenant un débat sur les questions que nous avions posées.

 

C’est le résultat de ce que nous avons mené depuis des mois. Nous avions dit que nous voulions une campagne collective qui exprime l’ambition du Front de gauche, qui dépasse et subvertisse les risques de présidentialisation. C’est ce qui est en train de se dérou- ler.

 

Personne ne peut expliquer la dynamique actuelle sans prendre en compte le fait que, si des gens nous rejoignent, regardent avec satisfaction du côté du Front de gauche, c’est parce qu’ils voient cette dynamique collective. Une dynamique de rassemblement qui a permis au Front de gauche de s’imposer, au point qu’il n’y a de fait, désormais, plus que deux candidatures à gauche qui comptent et qui vont structurer le paysage, celle de François Hollande et celle du Front de gauche.

Un chemin politique nouveau

Nous sommes dans un moment de mouvement politique très profond dans le pays. Pourquoi ce mouvement se cristallise en ce moment? Parce qu’il y a la rencontre de deux mouvements. Le premier c’est celui, depuis 2008, d’une prise de conscience sur les responsabilités du capitalisme dans la crise. Une prise de conscience sur le gâchis des richesses que provoque le système financier capitaliste ultra financiarisé. Cette prise de conscience n’a cessé depuis lors de cheminer.

Cependant, tous ces gens qui prennent conscience de la situation sont aussitôt confrontés à une question: si c’est le système qui est responsable de la situation, alors comment changer ce système? Existe-t-il un chemin pour le changer, une voie pour y parvenir? Des millions de gens sont face à cette interrogation et se la posent concrètement parce qu’ils ont compris, comme nous, que ce système ne pouvait pas être l’avenir et qu’il fallait autre chose que le mode de développement capitaliste pour répondre aux enjeux de la crise, aux enjeux du développement de la civilisation.

La force de ce qui est en train de se passer, c’est la deuxième raison du succès du Front de gauche, tient au fait que nous avons eu l’intuition et l’audace politique, à ce moment précis, de proposer un chemin politique pour rassembler ces femmes et ces hommes. Nous avions dit, dès le départ: créer une perspective politique ne consiste pas seulement à définir un but mais aussi le chemin politique qui rend possible cette avancée.

Sans le Front de gauche, notre discours sur les responsabilités de la crise aurait certes de l’écho, mais il ne pourrait trouver de traduction et d’expression politiques.

Sarkozy peut être battu

La victoire contre Sarkozy, contre la droite, n’est pas acquise mais elle devient de plus en plus une perspective crédible. Cela n’avait rien d’une évidence. Rappelons- nous qu’il y a cinq ans, Sarkozy a gagné, et pas seulement dans les urnes. Il avait aussi gagné dans les consciences. Il avait gagné la bataille politique – en partie dans le monde du travail, à l’époque. Depuis, nous avons mené un travail énorme et nous sommes en train de gagner cette bataille contre une droite qui se bat. Et nous savons qu’elle va continuer de se battre avec acharnement et jusqu’au bout.

C’est une partie du directoire du monde capitaliste que nous affrontons, et si nous réussissons à construire une victoire contre eux, ce sera une grande victoire en France et dans toute l’Europe. Il faut mesurer le niveau idéologique et politique de la bataille dans laquelle nous sommes engagés, même si elle n’est pas acquise. Et je veux dire à ce sujet une chose très claire dans mon esprit: il n’est pas question, pour nous, après avoir construit pendant des années les conditions de cette victoire, de mégoter une seule seconde sur le fait que nous nous rassemblerons dans les urnes pour battre Sarkozy s’il est présent au deuxième tour.

Faire reculer le Front national

Pour battre la droite et construire cette victoire, il est indispensable de faire reculer l’idéologie de l’extrême droite qui imprègne en profondeur le paysage politique. Nous devons faire reculer les germes de la division du monde du travail car c’est la tâche assignée au Front national pour l’affaiblir face aux forces du capital. Il n’est pas question de faiblir dans cette bataille.

Nous allons poursuivre le travail entrepris en la matière, car aujourd’hui, nous le voyons bien, au moment où il est possible d’obtenir cette victoire contre la droite, un des seuls atouts qui reste dans la manche de Nicolas Sarkozy, c’est la possibilité d’un score élevé du Front national.

Poursuivre le débat sur le fond

La première chose est de tenir haut le niveau du débat politique. Oui, nous avons fait bouger les lignes. Si, au lendemain de la primaire socialiste, François Hollande a titré son interview dans Libération: « Donner du sens à la rigueur » et si, deux mois plus tard, il a fait de « mon ennemi, c’est le monde de la finance » la phrase-clé de son discours au Bourget, c’est parce qu’il se passe quelque chose en profondeur dans le pays et c’est le résultat de notre travail.

Nous devons apprécier ce qui a bougé, car c’est sur ce terrain-là que nous allons continuer d’avancer. Bien sûr, nous savons, et nous le disons, que les contradictions demeurent et sont grandes dans le discours de François Hollande. Et qu’avec le programme qu’il se donne lui-même, il ne pourra pas mener, comme il le dit, la guerre à la finance. C’est à nous de porter ce débat politique et de nous en expliquer.

Engager partout la bataille des législatives

La rencontre d’aujourd’hui, représente la mise à feu du troisième étage de la fusée: il y a eu l’élaboration et la diffusion du programme, le lancement de la présidentielle et les assemblées citoyennes, maintenant les législatives. Cette campagne va nous permettre de renforcer la bataille de proximité, d’ancrer la bataille dans les territoires et de rassembler des forces nouvelles.

Je compte sur vous, les femmes et les hommes qui avez accepté d’être candidats. Je sais que vous êtes des rassembleuses et des rassembleurs. Utilisez tout ce que vous savez faire. Utilisez votre intelligence, votre potentiel. Utilisez celui des militants qui vous entourent pour construire un rassemblement le plus large possible.

Les élections législatives sont l’occasion de mettre au cœur du débat politique l’enjeu de ces élections: il ne s’agit pas simplement de changer le locataire de l’Élysée mais plus profondément de créer les conditions d’une majorité politique nouvelle. A ces gens qui veulent se débarrasser de Sarkozy mais qui doutent de la possibilité de changer la politique, il faut parler de l’enjeu des élections législatives. Il faut parler du rôle que nos élus peuvent jouer dans ces assemblées.

Le PCF est de retour

Si nous réussissons tout cela, nous aurons la satisfaction d’avoir rendu espoir à notre peuple, d’avoir ouvert une brèche dans l’offensive capitaliste pour faire régresser les droits sociaux, les droits politiques et la démocratie dans toute l’Europe. Nous aurons ouvert une brèche et son écho sera très important.

Nous pourrons alors travailler avec sérénité à l’avenir de notre combat. Nous aurons un congrès, après tout cela, que nous tiendrons fin 2012, début 2013. Ce sera un congrès très important, dans une situation politique nécessairement nouvelle, quelle qu’elle soit, et avec des ambitions de développement nouveau et de novations pour le Parti communiste. Nous sortirons à ce moment-là d’une période d’essor de notre travail, qui aura duré quatre ans, une période tout à fait neuve.

Le Parti communiste est de retour, le grand Parti communiste est de retour, et ce que nous avons entrepris a de l’avenir, j’en suis  convaincu.

Pierre Laurent

Secrétaire national du Parti communiste français, président du Conseil de campagne du Front de gauche pour les élections législatives et présidentielles de 2012.

Extrait de son intervention lors de la réunion des secrétaires de section et des candidats aux législatives 2012, le 28 janvier 2012, La Plaine Saint-Denis (93)